 
      La reconnaissance tardive de l'architecture militaire est à mettre en lien avec la cession des actifs militaires immobiliers, dans les années 1990, et l'action de la société civile, associations locales appuyées par les institutions culturelles, pour la défense de ces ensembles. Depuis 2019, cette dynamique, soutenue par les médiateurs du patrimoine, se poursuit dans le cadre de l'action nationale du groupement d'intérêt scientifique « Patrimoines militaires », qui fédère une communauté pluridisciplinaire de chercheurs et de conservateurs. Depuis trente ans, le chemin parcouru est important, même si le patrimoine militaire représente moins de 1 % des monuments historiques.
La région Occitanie possède des sites militaires remarquables pour leur intérêt culturel, architectural et historique. Leur chronologie est large, de l'Antiquité à la Seconde Guerre mondiale. L'occupation nazie a même valu aux Pyrénées une ligne de fortifications inattendues (sauvées par des bénévoles). Leur typologie riche comprend oppida, forts pyrénéens, enceintes urbaines, châteaux forts, hôtels de commandement et casernes.
Plus ou moins connues, certaines même disparues, ces constructions permettent de comprendre la fabrique de la ville. C'est le cas des casernes Caffarelli et Compans de Toulouse, détruites dans les années 1980 pour laisser place à un quartier neuf. La poudrière de Perpignan, devenue lieu de médiation, est un rare témoin du type d'ouvrages défensifs constitutifs de toute place forte. De cette époque moderne, ne restent que des traces des forteresses du Languedoc, qui gagneraient à être mises en valeur. La fascination pour le Moyen Âge, née avec le romantisme, explique l'engouement précoce pour l'architecture militaire médiévale, qui a contribué au succès de certains sites (Carcassonne, Aigues-Mortes, Villeneuve-lès-Avignon), tout comme l'épopée « cathare » a assuré, à partir des années 1970, celui des châteaux des Corbières.
À l'appui des recherches les plus récentes en archéologie, ce dossier livre une connaissance actualisée sur les fortifications disparues de l'oppidum d'Ensérune. Le travail en archives apporte de nouveaux éléments, comme c'est le cas à Salses sur l'organisation du chantier de construction de la forteresse. Ces derniers exemples confirment l'apport de l'interdisciplinarité pour renouveler notre connaissance. Gageons que l'intérêt croissant pour le patrimoine militaire aide à faire reconnaître le réseau des 8 forteresses royales de l'Aude et de l'Ariège, candidates au Patrimoine mondial de l'Unesco.
La revue Le Patrimoine d'Occitanie a pour ambition de restituer avec éclat et sérieux les connaissances sur le patrimoine matériel et immatériel, naturel et culturel de la région Occitanie.